Philaé

Philaé, aussi orthographié Philæ, était une ancienne île d'Égypte submergée dans les années 1970 et qui accueillait jusqu'en 1974 les ruines des temples et d'une ville antique égyptienne.



Catégories :

Île d'Égypte - Île lacustre - Île inhabitée - Ancienne île - Ville d'Égypte antique - Patrimoine mondial en Égypte - XXVIe dynastie égyptienne - XXXe dynastie égyptienne - Lagides

Philaé
Philæ
Carte du milieu du XIXe siècle de l'ancienne île de Philaé et de ses temples.
Carte du milieu du XIXe siècle de l'ancienne île de Philaé et de ses temples.
Géographie
Pays Égypte Égypte
Archipel Îles de la première cataracte du Nil
Localisation Lac de retenue de l'ancien barrage d'Assouan
Coordonnées 24° 01′ 18″ N 32° 53′ 20″ E / 24.0217, 32.88890924° 01′ 18″ N 32° 53′ 20″ E / 24.0217, 32.888909
Géologie Île continentale
Administration
Égypte Égypte
Gouvernorat
Ville Assouan
Démographie
Population Aucun habitant
Autres informations
Découverte Préhistoire
Fuseau horaire UTC+1
Egypt location map.svg
Philaé
Îles d'Égypte

Philaé, aussi orthographié Philæ[1], était une ancienne île d'Égypte submergée dans les années 1970 et qui accueillait jusqu'en 1974 les ruines des temples et d'une ville antique égyptienne. Déjà dégradés par plusieurs décennies d'engloutissement saisonnier sous les eaux du lac de retenue de l'ancien barrage d'Assouan et menacés d'une engloutissement définitif avec la mise en service du haut barrage d'Assouan en 1970, les temples ont été déplacés et remontés entre 1974 et 1976 sur l'île voisine d'Aguilkia qui a été remodelée pour l'occasion. Depuis l'opération, seul le point culminant de l'ancienne île de Philaé émerge du lac sous la forme d'un rocher. Philaé était une ville antique égyptienne du premier nome de Haute-Égypte. Elle abritait un temple d'Isis, l'un des mieux conservés de l'Égypte antique, dont la construction est commencée par l'un des derniers pharaons égyptiens, Nectanébo Ier, et terminée par les Romains. Le temple reste voué au culte de la déesse et fréquenté par les Blemmyes, une tribu nubienne, jusqu'au milieu du VIe siècle quand il est transformé en église copte sur ordre de l'empereur Justinien. Avec l'arrivée du tourisme de masse en Égypte, Philaé est devenue l'une des destinations les plus populaires du pays avec plusieurs milliers de visiteurs chaque jour en haute saison.

Géographie

Vue du temple d'Isis depuis l'ouest en 2006.
Carte de l'île d'Aguilkia accueillant depuis les années 1970 les constructions de Philaé dont la disposition entre eux et vis-à-vis de la forme de l'île a été respectée.

Relief

Philaé est localisée en Égypte, au sud d'Assouan, entre l'ancien barrage d'Assouan au nord-ouest et le haut barrage d'Assouan au sud, juste à l'est de l'île de Biggeh et au sud-est de l'île d'Aguilkia distante d'environ 300 mètres. Avec la remontée des eaux génèrée par la construction des deux barrages d'Assouan, l'île est engloutie depuis les années 1970 à l'exception de son point culminant émergeant sous la forme d'un rocher. Avant sa submersion, l'île avait la forme d'un oiseau.

Temple d'Isis

Article principal : Temple d'Isis (Philaé) .

Le temple d'Isis, localisé dans le quart sud-ouest de l'île, est la principale construction de Philaé.

L'esplanade localisée devant le premier pylône est fermée par un portique aux chapiteaux variés. Le mur occidental est percé de fenêtres donnant sur l'île de Biggeh, désormais un petit îlot depuis le déplacement du temple, et d'un escalier entre la douzième et la treizième colonne menant à un nilomètre. La corniche du portique est décorée de disques solaires localisés exactement face aux temples d'Arensouphis, de Biggeh et d'Imhotep et le plafond est orné de vautours aux ailes déployées regardant vers l'ouest .

Autres monuments

Outre le temple d'Isis, Philaé est aussi composé d'autres temples et chapelles tel un mammisi et une chapelle d'Hathor, de deux nilomètres, d'un temple d'Horus et de constructions romaines représentées par le kiosque de Trajan, un temple d'Auguste, d'une porte et d'un quai romain.

Histoire

Vue en 1838 de l'île engloutie de Philaé et de ses constructions depuis l'île voisine de Biggeh.

Construction

Philaé commence à être édifiée au IVe siècle av. J. -C. par Nectanébo Ier, l'un des derniers pharaons égyptiens, et terminée par les Romains en passant par les Ptolémées.

La partie sud-ouest de l'esplanade est agrandie à l'époque ptolémaïque. Des murs sont élevés sur les rochers du rivage de cette partie de l'île, constituant des salles qui sont remplies de terre et de blocs, le tout recouvert de dalles. Cette esplanade est fermée par un portique construit sous l'empereur Auguste.

Cultes

Les débuts du culte d'Isis à Philaé n'ont pu être déterminés avec précision. Au départ, le lieu est voué à la déesse Hathor sous la forme de la lionne Tefnout, maitresse de la Nubie. La légende dit que venant du sud, elle se serait arrêté pour la première fois en ce lieu. Hathor est ensuite assimilée à Isis, surtout parce que le tombeau d'Osiris, son époux, se trouve sur l'île voisine de Biggeh. Le temple est alors un lieu de rencontre pacifique entre les Égyptiens durant les périodes ptolémaïques et romaines et les tribus nubiennes des Nobades et des Blemmyes qui faisaient des incursions dans cette région frontalière de l'empire romain d'Orient au Ve siècle. La présence nubienne à Philaé est telle que quand les cultes païens sont interdits dans l'empire romain d'orient, le culte d'Isis reste autorisé à Philaé pour les seuls Nubiens qui peuvent même emprunter la statue de la déesse et l'emporter dans leur pays à partir de 453.

Avec l'évangélisation de la Nubie le culte d'Isis a Philaé est définitivement interdit par l'empereur Justinien et le temple est transformé en église copte, des croix coptes fleurissant sur les murs et les piliers du temple. Ainsi, depuis cette période, un bas-relief présente le dieu Amon partiellement martelé, la tête étant remplacée par une croix copte mais le reste du corps étant intact, y compris la couronne divine composée de deux plumes.

Menaces d'engloutissement et sauvetage

Vue de 1932 du temple d'Isis partiellement submergé par les eaux du lac de l'ancien barrage d'Assouan avant son déplacement.
Vue de l'emplacement de l'ancienne île de Philaé indiqué par les restes du batardeau et le point culminant de l'île émergeant sous la forme d'un rocher vu depuis l'île d'Aguilkia en juin 2009.

Après la construction en 1894 par les Britanniques du premier barrage d'Assouan, la montée des eaux du Nil qui forment alors un lac de retenue noie dix mois sur douze l'île de Philaé. Les temples et les constructions de l'île sont alors partiellement ou complètement sous les eaux pendant une grande partie de l'année au grand regret de Pierre Loti :

«La noyade de Philæ vient, comme on sait, d'augmenter de soixante-quinze millions de livres le rendement annuel des terres environnantes. Encouragés par ce succès, les Britanniques vont, l'année prochaine, élever toujours de six mètres le barrage du Nil ; du coup, le sanctuaire d'Isis aura totalement plongé, la majorité des temples antiques de la Nubie seront aussi dans l'eau, et des fièvres infecteront le pays. Mais cela permettra de faire de si productives plantations de coton !…»

— Pierre Loti, La mort de Philæ, p. 228. Pendant soixante-dix ans, la visite du temple de Philaé se fait en barque et offre des paysages qui ravissent les romantiques de l'époque :

«Nous y entrons avec notre barque […] Mais combien il est adorable ainsi, le kiosque de Philæ […]»

— Pierre Loti, La mort de Philæ, p. 223.

En 1960, après plusieurs années de tractations politiques et d'arrangements financiers, les travaux de construction du haut barrage d'Assouan commence sous l'impulsion du président Gamal Abdel Nasser. Ce projet forme une nouvelle menace pour Philaé car l'île se trouve entre les deux barrages. Le lac de retenue de l'ancien barrage d'Assouan est alors transformé en bief dans le cadre de ce projet. Il est prévu d'abaisser le niveau moyen de ce lac qui atteindrait alors le premier pylône du temple d'Isis à la moitié de sa hauteur, permettant aux ruines d'être en plus grande partie à l'air libre. Mais cette transformation en bief par la hausse du niveau de la nappe phréatique veut dire aussi que l'île ne pourrait plus être complètement à sec pendant une partie de l'année. De plus, les fluctuations quotidiennes du niveau du lac atteindraient six mètres d'amplitude, provoquant une érosion accrue des pierres et une accélération de la disparition des ruines.

Le sauvetage de Philaé est alors décidé et la solution retenue est la même que pour les temples d'Abou Simbel quelques années plus tôt : le démontage des ruines et leur reconstruction sur un nouveau site à l'abri des eaux du lac. Ce déplacement est orchestré par le ministère de la Culture d'Égypte, les services d'archéologie du Caire mais aussi l'Unesco, sa réalisation étant confiée à Christiane Desroches Noblecourt[2], une égyptologue française à l'origine du sauvetage d'autres temples menacés par les eaux du lac Nasser dont ceux d'Abou Simbel.

Pour pouvoir travailler sur les ruines, un batardeau est construit tout autour de Philaé. Ce dernier est constitué de deux parois métalliques de dix-sept mètres de hauteur espacées de douze mètres constituées de 850 rideaux d'acier pesant 1276 tonnes. L'espace entre ces deux parois est alors rempli de 200 000 m3 de sable pour contrecarrer la pression exercée par l'eau du lac une fois l'île asséchée. Les ruines nettoyées du limon accumulé sont alors photographiées en stéréoscopie pour dresser le plan exact des monuments de l'île en conservant scrupuleusement leur taille et leur disposition entre eux. L'élaboration de ce cadastre effectué par l'IGN français a obligation six cent enregistrements photogrammétriques de 95 % de la surface des ruines.

Le déplacement des temples à proprement parler débute avec le découpage des ruines et leur transport par barges vers un site de stockage provisoire. Entre temps, l'île d'Aguilkia localisée à à peu près 300 mètres au nord-ouest de Philaé est préparée en vue d'accueillir les ruines. Arasée sur une trentaine de mètres, son rivage est redessiné en forme d'oiseau pour reproduire la forme originelle de Philaé. Elle accueille les premiers blocs le 9 septembre 1974 et le remontage des ruines s'achève deux ans plus tard.

Ce sauvetage, qui a couté quinze millions de dollars américains de l'époque, est financé par des dons faits à l'Unesco de la part de vingt-trois États mais aussi par les revenus d'expositions sur l'Égypte antique à travers le monde.

Tourisme

Vue de la chapelle d'Hathor (premier plan) et du kiosque de Trajan (dernier plan) en 2004.

Avec l'arrivée du tourisme de masse en Égypte dans la seconde moitié du XXe siècle et le déplacement des ruines facilitant leur accès, Philaé est devenue une des destinations les plus populaires du pays. En haute saison touristique, plusieurs milliers de visiteurs peuvent s'y rendre chaque jour. Leur accès est garanti par un service de petites embarcations à moteur accostant à un débarcadère localisé dans le sud de l'île. Le soir, les visites classiques du temple s'arrêtent mais les touristes peuvent se rendre sur l'île pour un spectacle son et lumière.

Annexes

Lien externe

Notes

  1. L'orthographe «Philæ» est attestée sur un dessin de David Roberts intitulé Philæ, Grand portico datant de 1838 mais aussi dans le titre du roman de Pierre Loti La mort de Philæ
  2. Lors de sa troisième session du 19 au 21 décembre 1974, le comité d'archéologues et d'architectes paysagistes était composé de la Française Christiane Desroches Noblecourt, des Égyptiens Gamal Moukhtar et Kamal el Mallakh, du Britannique Iorwerth Eiddon Stephen Edwards, de l'Italien S. Donadoni, de l'Américain R. R. Garvey Jr et de l'Espagnole J. Miranda de Onis. Le gouvernement égyptien était représenté par Naguib Ibrahim Rizk et l'Unesco était représenté par l'Égyptien S. A. Naqvi du département du patrimoine culturel.


Recherche sur Google Images :



"Temple de Philae"

L'image ci-contre est extraite du site jcbarc.e-monsite.com

Il est possible que cette image soit réduite par rapport à l'originale. Elle est peut-être protégée par des droits d'auteur.

Voir l'image en taille réelle (500 x 340 - 22 ko - jpg)

Refaire la recherche sur Google Images

Recherche sur Amazone (livres) :




Ce texte est issu de l'encyclopédie Wikipedia. Vous pouvez consulter sa version originale dans cette encyclopédie à l'adresse http://fr.wikipedia.org/wiki/Phila%C3%A9.
Voir la liste des contributeurs.
La version présentée ici à été extraite depuis cette source le 27/11/2009.
Ce texte est disponible sous les termes de la licence de documentation libre GNU (GFDL).
La liste des définitions proposées en tête de page est une sélection parmi les résultats obtenus à l'aide de la commande "define:" de Google.
Cette page fait partie du projet Wikibis.
Accueil Recherche Aller au contenuDébut page
ContactContact ImprimerImprimer liens d'évitement et raccourcis clavierAccessibilité
Aller au menu