Pyramide rhomboïdale

La pyramide rhomboïdale fut construite pour le pharaon Snéfrou à Dahchour en Égypte. Sa forme spécifique en fait une tentative avortée de pyramide à faces lisses, dernier stade de l'évolution des pyramides.



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Bon article - Tombeau de l'Égypte antique - Pyramide égyptienne de la IVe dynastie - Pyramide de Dahchour

Article de la série Pyramide
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Pyramide rhomboïdale

GD-EG-Saqqara004.JPG

Commanditaire  Snéfrou
Autre nom  Celle qui brille au sud
Type  Rhomboïdale
à faces lisses
Hauteur  105, 07 mètres
∼ 200 coudées
Base  188, 60 mètres
∼ 360 coudées
Inclinaison  54°34'puis 43°21'
Pente  partie inférieure : 7/5
partie supérieure : 17/18
Entrée  deux (face nord et face ouest )
* Nord à 11 mètres au-dessus du sol
* Ouest à 33 mètres
Temple funéraire  à 700 mètres
Coordonnées  29°47′24″N 31°12′32″E / 29.79, 31.20889
Pyramides satellites  Une au sud
(26 m en hauteur et 52, 80 m de côté)


La pyramide rhomboïdale fut construite pour le pharaon Snéfrou à Dahchour en Égypte. Sa forme spécifique en fait une tentative avortée de pyramide à faces lisses, dernier stade de l'évolution des pyramides.

Elle possède de nombreuses particularités et ressemble par bien des points à la pyramide érigée par le fils de Snéfrou, Khéops. Elle est pourvue de deux entrées dont l'une n'est pas localisée sur la face nord, fait unique dans l'Ancien Empire, et conserve toujours l'essentiel de son revêtement, faisant de cette pyramide la mieux conservée de toute l'Égypte.

Le complexe pyramidal a révélé les vestiges d'un imposant temple funéraire dont la riche ornementation le distingue des autres monuments de la IVe dynastie.

Le complexe funéraire

L'ensemble funéraire est constitué de la pyramide du souverain et d'une pyramide satellite, toutes deux ceinturées par un mur de pierres de deux mètres d'épaisseur environ[1]. Cette enceinte est reliée à un temple funéraire par une longue chaussée à ciel ouvert d'environ 704 mètres de long[2]. À cause de sa position éloignée du bord de la vallée, ce temple funéraire ne devait pas être le temple d'accueil (ou temple de la vallée) à proprement parler. D'ailleurs, il subsiste des vestiges d'une deuxième chaussée qui devait relier ce temple au véritable temple de la vallée[3]. C'est une particularité qu'on ne retrouve dans aucun autre complexe pyramidal.

Éléments du complexe funéraire
Pyramide satellite Pyramide Temple haut Chaussée Temple bas
Plan du complexe funéraire de Snéfrou à Dahchour sud
  1. Pyramide
  2. Pyramide satellite
  3. Temple haut
  4. Chaussée
  5. Temple bas

La pyramide

Plans en coupe de la pyramide rhomboïdale

La première caractéristique évidente de la pyramide est son aspect en double pente qui est le résultat d'un changement de plan intervenu durant la construction (voir § La construction, les deux changements de plans). La seconde caractéristique est le doublement de sa distribution interne. Deux chambres funéraires sont accessibles par deux entrées, l'une localisée sur la face nord et l'autre sur la face ouest . La pyramide de Khéphren possède aussi deux entrées, mais elles sont localisées l'ensemble des deux sur le côté nord du monument.

La superstructure de la pyramide présente un parement dont les blocs en calcaire sont inclinés vers l'intérieur d'un angle variant de 6°8'à 13°27'[4]. La plupart de blocs ont été retirés par des carriers de l'époque moderne. Mais des signes d'instabilité (et probablement des accidents) ont écourté l'extraction, laissant à la pyramide rhomboïdale un aspect extérieur quasi intact[6]. La maçonnerie de la totalité de la pyramide présente une concavité irrégulière des faces, un aspect qu'on retrouve aussi à la pyramide de Khéops[4]. L'excellent état de conservation du monument ne permet pas de tirer des informations sur la structure du nucléus, ni d'affirmer si il se compose de gradins comme dans la majorité des autres pyramides.

La première distribution interne (entrée nord)

Vue axonométrique de la chambre inférieure de la pyramide rhomboïdale

L'entrée nord est localisée à 11, 80 mètres[4] au-dessus du niveau du sol. Il s'agit de l'unique pyramide ayant conservé son entrée intacte au niveau du parement. L'architrave se compose d'un seul bloc de 3, 18 mètres de long sur 1, 50 mètre de hauteur, énormément plus gros que les pierres composant le parement et rendant nettement discernable la position de l'entrée[7]. Les égyptologues ont noté sur les parois latérales, deux paires de trous positionnées en vis-à-vis sur les murs est et ouest qui devaient sans aucun doute accueillir les fixations d'une porte pivotante que les architectes italiens Vito Maragioglio et Celeste Rinaldi supposent de bois[7]. L'entrée ouvre sur un couloir descendant de 78, 60 mètres[8] et d'une pente de 28°22 sur les 12, 60 premiers mètres puis de 26°20'[8]. Cette descenderie a la particularité d'être couverte de dalles disposées en léger retrait les unes comparé aux autres donnant la possibilité ainsi de décharger les masses supérieures à la manière d'une voûte en encorbellement[9]. Le couloir conduit à un corridor dont le sol est localisé à 22, 40 mètres au-dessous du niveau du sol[10]. Ce corridor est haut de 12, 60 mètres[10] et possède une voûte en encorbellement. La chambre dite inférieure est surélevée de 6, 75 mètres[10] comparé à ce dernier et montre une idéale maîtrise de la part de ses concepteurs en matière de répartition des charges. Le toit de cette chambre, culminant à 17, 30 mètres en son point le plus haut, est une voûte en encorbellement innovante puisque la technique est appliquée, non plus sur deux faces comme à la pyramide de Meïdoum, mais sur les quatre faces et édifiée en pierres calcaires. Maragioglio et Rinaldi ont repéré des traces de fissures colmatées avec du plâtre qui ont dû survenir, selon eux, durant la construction de la chambre[11]. Ils ont aussi noté la présence de plusieurs paires de trous positionnés en vis-à-vis, pouvant permettre l'introduction de poutres. Lors des premières fouilles de l'édifice, cette pièce était encombrée d'une grande variété de gravas et de blocs à peine équarris, certains portant des graffitis. Il est impossible d'estimer quelle hauteur atteignait ce remplissage[11].

La chambre inférieure offre un accès au sud, surplombé par un petit couloir remplissant le rôle de voûte en encorbellement. Ce conduit aboutit à un haut «puits» (quelquefois nommé la «cheminée») de 8, 90 mètres qui s'avère être la superposition de deux cavités certainement obturées originellement par deux herses, comme semble l'indiquer un bloc de calcaire reposant toujours au bord de la cavité inférieure. La fonction de ce puits, positionné au niveau de l'axe central de la pyramide[12], est inconnue et sa structure pour le moins inhabituelle. À noter que le sol du conduit entre le puits et la chambre inférieure repose sur des gravats remplissant une cavité profonde de huit mètres[13].

John Shæ Perring découvrit, dans la chambre inférieure à une hauteur de 12, 60 mètres[14], une corde de papyrus indiquant l'ouverture d'une galerie creusée dans la maçonnerie, celle-ci aboutissant au corridor supérieur entre les deux herses de la seconde distribution (voir ci-dessous). Il est étrange de constater que cette galerie fut creusée de façon à éviter une portion de la pyramide. Son exécution est franche, sans économie et particulièrement soignée lorsque on tient compte de la difficulté de creuser «en aveugle» et d'assurer une liaison entre deux niveaux divers.

Des traces d'escalier maçonné sont toujours visibles sur les parois du corridor précédant la chambre inférieure. Ce fait a conduit les architectes à supposer que les constructeurs ont aménagé un immense escalier d'accès à la galerie de liaison, escalier qu'ils auraient ensuite entièrement démonté rendant impossible l'accès au niveau supérieur[15].

La seconde distribution interne (entrée ouest )

Vue axonométrique de la chambre supérieure de la pyramide rhomboïdale

Jusqu'en 1951, l'entrée ouest était inaccessible et dissimulée sous le revêtement de la pyramide. Elle est décalée de l'axe de la pyramide et culmine à une hauteur de 33, 22 mètres[14]. Le couloir descend sur 67, 66 mètres[14] avec une pente de 30°09'sur les 21, 81 premiers mètres puis de 24°17'[14]. Cette descenderie est pourvue, sur son extrémité basse, d'une cavité aménagée dans le sol et de 1, 28 mètre de profondeur[16]. Cette cavité rappelle celles de la pyramide de Meïdoum et de la pyramide rouge, aussi localisée chacune en bas de la descenderie. Le couloir descendant était obstrué sur toute sa longueur par de gros blocs de calcaire jointoyés avec du plâtre sur leur côté ouest , et ce, jusqu'au dégagement de 1946 à 1951. La descenderie supérieure de la pyramide rhomboïdale fait la liaison avec un tronçon horizontal long de 20 mètres entrecoupé par deux passages à herse. Il s'agit des premiers dispositifs de fermeture avec herse sur plan incliné. Cette innovation sera maintes fois utilisée durant le Moyen Empire[17]. Seule la première herse a rempli sa fonction. Elle fut plâtrée à l'intérieur comme à l'extérieur, ce qui sert à conclure que les anciens Égyptiens utilisèrent la galerie improvisée (mais aussi la descenderie ouest ) pour sceller le tombeau. Entre les deux passages à herse, Abdessalam Mohammad Hussein, intrigué par la présence de plâtre, souleva une dalle du sol et découvrit sous celle-ci un large puits rectangulaire et bien maçonné s'enfonçant sur quatre mètres jusqu'au niveau du sol rocheux. La destination de cet élément reste un mystère. Toujours dans cette partie du couloir horizontal, subsistent cinq paires d'encoches positionnées en vis-à-vis sur les murs latéraux.

La galerie de liaison entre les deux distributions débouche ici dans le mur latéral nord, juste après le puits[18].

Le tronçon aboutit sur la chambre dite supérieure, possédant comme la chambre inférieure, une voûte en encorbellement sur ses quatre faces mais de moins bonne facture que la chambre inférieure[18]. Le sol de cette crypte avait été exhaussé de 4, 20 mètres par une maçonnerie de petits blocs de pierre[19]. Une grande partie de cette maçonnerie a été dégagée durant les fouilles de 1946-47 et a laissé apparaître une imposante charpente en cèdre vieille de près de 4600 ans[19].

Observations diverses sur l'infrastructure

Quelques inscriptions hiéroglyphiques datant de la Basse époque ont été relevées à peu de distance de l'entrée nord du couloir descendant inférieur[20].

À une quinzaine de mètres du bas de la descenderie supérieure, une boîte fut découverte. Elle contenait les restes momifiés d'une chouette et de cinq chauves-souris. Le docteur Ahmed Batrawi les a daté de la IVe dynastie tandis que Fakhry a avancé l'époque ptolémaïque[21]. Cette descenderie supérieure, accessible depuis l'entrée ouest , fut obstruée initialement sur toute sa longueur. Les 18 derniers mètres de pierre ont été retirés, selon Fakhry, en des temps particulièrement anciens. Cette opération, dont on ne connaît les auteurs, n'a pu être menée qu'en se frayant un passage creusé à travers la première herse.

Fakhry a relevé un fait étonnant induisant l'existence d'une troisième connexion hors de la pyramide et restant à découvrir. La descenderie supérieure (ouest ) est restée obstruée jusqu'à son dégagement en 1946 par Hassan Mustapha. La descenderie était alors comblée sur toute sa longueur de gros blocs de calcaire jointoyés et la première herse en position fermée, était aussi plâtrée sur ses deux versants. Or, par temps de grand vent, de nombreux explorateurs depuis Perring, ont été témoins d'un bruit persistant quelques secondes. Bruit qu'on entendait spécifiquement au niveau du tronçon horizontal entre les deux passages à herse. Perring nota aussi un très important courant d'air[22].

La disposition inhabituelle des appartements funéraires, les particularités architecturales et les artefacts découverts ne lassent pas de surprendre. Il s'agit sans aucun doute de l'infrastructure la plus complexe après celle de la pyramide de Khéops ainsi qu'à l'instar de celle-ci, aucune explication satisfaisante n'a toujours été proposée quant aux intentions des constructeurs.

La pyramide satellite

Vue axonométrique des appartements funéraires de la pyramide satellite à la pyramide rhomboïdale
Entrée de la pyramide satellite

Au sud de la pyramide rhomboïdale, à une distance de 55 mètres[23] se trouve une pyramide satellite destinée au culte du Ka du souverain[23]. Les dimensions originelles étaient de 26 m en hauteur et de 52, 80 mètres pour la longueur des côtés. L'inclinaison de ses faces est de 44°30' (quasi-semblable à l'inclinaison des faces de la pyramide rouge) [23]. La superstructure est une maçonnerie assez grossière de pierres calcaires locales appareillées en lits horizontaux et recouverte d'un parement de calcaire fin de Tourah. Malgré l'état de délabrement avancé de l'édifice, aucune structure à degrés n'est discernable.

L'accès à la chambre funéraire se fait par un couloir descendant accessible depuis le milieu de la face nord, à une hauteur de 1, 10 mètre du niveau du sol[23]. Ce couloir, incliné de 34°, devait avoir à l'origine une longueur de 11, 60 mètres[23]. Un court passage horizontal succède à ce corridor, puis un couloir incliné cette fois vers le haut d'un angle de 32°30'[23].

La pyramide satellite

Au niveau du passage horizontal, subsistent de nombreux fragments de blocs bouchons qui interdisaient, dans le passé, l'accès au couloir ascendant. Le couloir ascendant est incliné de 32°30'et s'élargit ensuite, devenant une petite galerie dans laquelle sont toujours entreposés actuellement deux blocs bouchons[24]. De nombreuses lignes rouges figurent sur les parois et sur le sol.

Le plan des infrastructures rappelle particulièrement le plan de la pyramide de Khéops, le couloir ascendant représentant la grande galerie. Au bout de celle-ci se trouve la chambre funéraire (nommée ainsi quoiqu'il soit fort probable qu'elle n'ait jamais contenu de sarcophage) [24], localisée sous l'apex de la pyramide et couverte d'une voûte en encorbellement. Un puits fut creusé, probablement par des chercheurs de trésor, dans le quart-sud-est du sol de la chambre et sur une profondeur de quatre mètres[24].

Comme à la pyramide principale, la pyramide satellite possédait son propre autel avec deux stèles localisées près de la face est[25].

Les annexes cultuelles

Le temple haut

Le temple haut accolé contre la face est de la pyramide principale, n'est en fait qu'un lieu d'offrandes devant lequel se trouvaient deux grandes stèles brisées qui, à l'origine, mesuraient neuf mètres de haut. L'une d'entre elles, gravée au nom du roi, enrichie aujourd'hui la collection du musée du Caire. La structure de cette construction est à peine plus développée que celle de la pyramide de Meïdoum quoique sa conception ait subi plusieurs modifications[26]. Les éléments principaux sont ici les trois autels épigraphes. Le temple fut restauré et réactivé durant la XIIe dynastie et plus tard durant la Basse époque, prouvant mais aussi le pharaon Snéfrou fut l'objet d'un culte durant toute l'histoire égyptienne suivant son règne[27].

Le temple funéraire (ou temple bas)

Le temple funéraire lui-même, fouillé par Ahmed Fakhry en 1951/1952, est accessible à partir de la longue chaussée. Ses dimensions sont de 47 mètres sur 25 mètres[28]. Ce dernier a pu en dresser les plans et reconstituer de nombreux bas-reliefs à partir des 1400 fragments retrouvés sur les lieux. Le bâtiment se décompose en trois parties : une antichambre, une cour avec piliers et six chapelles. Sa grande originalité est la sculpture en ronde-bosse qui devait orner l'essentiel de ses murs, en faisant un élément à part dans l'architecture de l'Ancien Empire[29]. L'égyptologue allemand Herbert Ricke a émis l'hypothèse que ce temple était destiné aux rites mortuaires de Snéfrou comme roi de la Basse-Égypte et qu'un autre bâtiment (hypothétique) était destiné aux rites mortuaires comme roi de la Haute-Égypte. En effet, le temple funéraire de la pyramide rhomboïdale, au contraire de l'ensemble des exemples connus, n'est pas localisé au bord de la vallée[30]. Comme le temple haut, ce dernier fut réhabilité durant la XIIe dynastie puis durant la Basse époque[30].

La construction, les deux changements de plans

Les trois projets de la pyramide rhomboïdale

Vito Maragioglio et Celeste Rinaldi ont repéré plusieurs indices dans les deux galeries descendantes de la pyramide principale, montrant que la pyramide avait subi plusieurs modifications au cours de son édification[31].

Dans un premier temps, des joints alignés sur les quatre faces des corridors suggèrent que les entrées étaient primitivement localisées à 12, 6 mètres de l'actuelle entrée nord ainsi qu'à 11, 60 mètres de l'entrée ouest[31]. La pyramide d'origine devait avoir une base de 157 mètres et une hauteur de 125 mètres avec une inclinaison des faces de 58° (équivalentes à une pente de 8/5) [6].

Celle-ci presque achevée, les anciens Égyptiens ont décidé d'en augmenter les proportions. Des fissures sont ensuite apparues dans les galeries d'accès, au niveau des joints alignés dans la première et légèrement en deçà pour la seconde. Le rajout s'est affaissé au cours de la construction, probablement génèré par un manque d'adhérence sur le revêtement existant. Ce manque d'adhérence prouve que la première pyramide devait avoir un revêtement lisse dépassant le niveau de l'entrée nord, mais en dessous du niveau de celle de l'ouest . Le deuxième projet est toujours visible jusqu'à la hauteur de 49 mètres, hauteur à partir de laquelle le revêtement a dû présenter des signes d'instabilité[6].

L'idée leur est par conséquent venue d'achever le monument en toute hâte et de diminuer les charges qui pouvaient peser sur la maçonnerie extérieure en diminuant fortement l'angle d'inclinaison à 43°. Perring a ainsi noté en 1839 que la maçonnerie de la partie supérieure de la pyramide était d'une qualité bien moindre que celle de la partie inférieure. La pyramide mesurerait 128, 50 mètres de hauteur si le deuxième projet avait été mené à son terme[6].

Particularités du complexe funéraire

L'exploration du monument de l'Antiquité à nos jours

La pyramide rhomboïdale
Voyage d'Égypte et de Nubie, Frederic Louis Norden, (XVIIIe siècle)

Il est fort probable que le monument fut visité dès la plus haute antiquité comme en témoigne l'intérêt que portèrent les Égyptiens du Moyen Empire à la pyramide de Snéfrou. Le culte fut restauré[32], le souverain déifié et les nouveaux pharaons s'inspirèrent des tombeaux de l'Ancien Empire pour édifier leur propre pyramide. Ainsi, le dispositif de fermeture avec herse sur plan incliné découvert pour Snéfrou se retrouve dans la pyramide de Hawara du pharaon Amenemhat III. Durant les périodes de trouble, la pyramide a certainement été violée à l'instar des autres sépultures royales susceptibles de livrer des trésors, mais il est conjectural d'établir des hypothèses sur les spoliations qu'elle aurait subies durant toute l'Antiquité.

Au Moyen Âge, le Livre des perles enfouies et du mystère précieux[33], rédigé au Xe siècle, enflamma les imaginations et fit du site de Dahchour un haut lieu des trésors cachés. Cet rédigé encouragea d'ailleurs la destruction et le pillage des grands monuments de la région memphite[34]. Il est certain que les deux pyramides de Dahchour furent ré-ouvertes dès le XVIIe siècle puisque le voyageur anglais Edward Melton[35], et vingt ans plus tard LeBrun, pénétrèrent dans la chambre inférieure de la pyramide rhomboïdale[36].

La première véritable exploration du monument est due à l'égyptologue britannique John Shæ Perring qui y pénétra le 29 septembre 1839. Il découvrit la seconde entrée localisée sur la face ouest et composa des plans de l'infrastructure[37] qui firent références jusque 1946, date à laquelle l'égyptologue égyptien Abdessalam Mohammad Hussein entreprît une étude plus approfondie du complexe pyramidal[38]. Ce dernier déblaya entièrement les appartements funéraires, découvrit la charpente en cèdre de la chambre supérieure, la momie de chauve-souris[39] et les graffitis attribuant la pyramide au pharaon Snéfrou. La disparition de l'égyptologue en 1949 provoqua l'interruption brutale des recherches. Mais celles-ci furent reprises en main par Ahmed Fakhry qui acheva d'étudier la totalité funéraire, mettant en évidence la richesse ornementale du temple funéraire[40].

Ordre chronologique des pyramides attribuées à Snéfrou

Les quatre pyramides attribuées à Snéfrou sont : la pyramide rouge, la pyramide rhomboïdale, la pyramide de Meïdoum et enfin la pyramide de Seila qui était sans doute un cénotaphe.

La construction de la pyramide de Meïdoum est divisée en trois phases que les égyptologues nomment E1, E2 et E3 ; E1 correspondant à la première pyramide à degrés, E2 à la seconde pyramide à degrés obtenue avec une tranche additionnelle, et E3 la pyramide à faces lisses obtenues par addition d'une troisième tranche[41].

Il est couramment admis que Snéfrou fit achever la pyramide à degrés E1 de son prédécesseur le pharaon Houni et qu'ensuite il fit ériger sa propre pyramide, la pyramide rhomboïdale. Suite à des problèmes de structures de celle-ci, il aurait entrepris un nouveau chantier au nord de Dahchour parallèlement à l'agrandissement de la pyramide de Meïdoum. Différents graffitis découverts sur des blocs des pyramides de Meïdoum et de Dahchour nord mentionnent les 15e et 23e années du règne du pharaon démontrant la simultanéité des deux chantiers[42].

Les trois ensembles funéraires ont été achevés. Les fragments d'os humains découverts dans la pyramide rouge et le temple haut achevé en briques, semblent prouver que cette pyramide a bien servi de tombeau[43]. Cependant, la pyramide rhomboïdale a bénéficié d'une attention spécifique au Moyen Empire car le temple funéraire fut réactivé à cette époque. De même, mais aussi le souligne l'architecte Gilles Dormion, l'architecture de cette pyramide semble avoir bénéficié d'innovations technologiques, comme les dispositifs de fermeture avec herses et les voûtes en encorbellement sur quatre faces, qui ne se retrouvent pas dans la pyramide rouge[6]. Il y aurait alors eu trois chantiers simultanés durant le règne de Snéfrou.

Quoi qu'il en soit, les pyramides de Snéfrou d'un volume total de 3 500 000 mètres cubes (soit près de 1 000 000 m³ qui plus est que la pyramide de Khéops) représentent l'un des projets le plus ambitieux de toute l'Antiquité.

Notes

  1. cf. Maragioglio & Rinaldi, p. 74
  2. cf. Maragioglio & Rinaldi, p. 83
  3. cf. Maragioglio & Rinaldi, p. 84
  4. cf. Maragioglio & Rinaldi, p. 58
  5. Des mesures différentes ont été proposées pour les deux inclinaisons : 54°27'44" selon Jean-Philippe Lauer, 54° 34'selon Ahmed Fakhry, puis 43°22'
  6. Gilles Dormion, La chambre de Khéops, p. 54-62
  7. cf. Maragioglio & Rinaldi, p. 60
  8. cf. Maragioglio & Rinaldi, p. 59
  9. Cette innovation des architectes de Snéfrou sera reprise à la couverture de la grande galerie de la pyramide de Khéops
  10. cf. Maragioglio & Rinaldi, planche 11
  11. cf. Maragioglio & Rinaldi, p. 64
  12. avec néanmoins un léger décalage d'un mètre
  13. cf. A. Fakhry, p. 48
  14. cf. Maragioglio & Rinaldi, p. 66
  15. cf. Maragioglio & Rinaldi, p. 62-64
  16. cf. Maragioglio & Rinaldi, p. 68-70
  17. voir les articles pyramide de Hawara, pyramide sud de Mazghouna, pyramide nord de Mazghouna, pyramide de Khendjer, pyramide inachevée de Saqqarah sud, pyramide d'Ameni Kemaou
  18. cf. Maragioglio & Rinaldi, planche 13
  19. cf. Maragioglio & Rinaldi, p. 70-72
  20. cf. A. Fakhry, vol. I, p. 47. L'auteur les a traduites ainsi : Au lieu de son maître (à elle ) , Le chef des prêtres purs, Le chef des artisans de Ptah, Pa-jr-Ptah, honoré, fils de Pen-Amon, l'honoré
  21. cf. Maragioglio & Rinaldi, p. 106
  22. cf. A. Fakhry, vol. I, p. 73
  23. cf. Maragioglio & Rinaldi, p. 74-78
  24. cf. A. Fakhry, vol. I, p. 90-96
  25. cf. Maragioglio & Rinaldi, p. 80
  26. cf. A. Fakhry, p. 515-522
  27. cf. Maragioglio & Rinaldi, p. 112, observations 34 et 35
  28. cf. A. Fakhry, vol. I, p. 110
  29. cf. A. Fakhry, vol. I, p. 113
  30. cf. A. Fakhry, p. 571-577
  31. cf. Maragioglio & Rinaldi, planche 10
  32. Sydney H. Aufrère, J. -Cl. Golvin, L'Égypte restituée, tome III, Sites, temples et pyramides de Moyenne et de Basse Égypte, 1997, p. 153
  33. Ahmed Kamal, Le livre des perles enfouies et du mystère précieux, 1907
  34. cf. A. Fakhry, vol. I, p. 3
  35. Edward Melton, Zeldzaame en gedenkwaardige zee-en land-reizen door Egypten... , 1681
  36. cf. A. Fakhry, vol. I, p. 4
  37. cf. Richard Vyse
  38. cf. H. Mustapha, p. 595-601
  39. cf. Ahmed Batrawi
  40. cf. A. Fakhry, Vol. I, II & III
  41. cf. Dormion et Verd'hurt
  42. cf. Edwards, p. 119-121
  43. cf. Stadelmann, Alexanian, Ernst, Heindl & Raue

Voir aussi

Références bibliographiques

Liens externes


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