Iconographie

Le terme iconographie apparaît dans la langue française en 1547. Son étymologie vient du grec ancien "ikon" : image, et graphein" : écrire.



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Le terme iconographie apparaît dans la langue française en 1547. Son étymologie vient du grec ancien "ikon" : image, et graphein" : écrire. Le terme est utilisé actuellement pour désigner

1870 Jules Joseph Lefebvre - La Vérité

Histoire

Définitions

En 1757, l'Encyclopédie Diderot et d'Alembert donne la définition suivante du terme iconographie : «description des images ou statues antiques de marbre & de bronze, des bustes, des demi-bustes, des dieux pénates, des peintures à fresque, des mosaïques & des miniatures anciennes.» La quatrième édition du Dictionnaire de l'Académie française, (1762), reprend quasiment la même formulation : Description des images, des tableaux, &c. Il se dit spécifiquement De la connoissance des monumens antiques, tels que les bustes, les peintures, &c. [1]. Cette association entre le mot iconographie et monuments antiques paraît toujours dans les éditions du dictionnaire au XXe siècle[1]. Mais dans la seconde édition du Dictionnaire de la langue française (1872-1877), s'y ajoute un second sens : Collection de portraits d'hommes célèbres[1], que le dictionnaire de l'Académie reprend en l'élucidant : on parle d'iconographie à propos d'une collection de portraits d'une même personne, par exemple l'iconographie de Marie-Antoinette[1]. Le terme se généralise pour embrasser une collection de représentations sur un même sujet (iconographie napoléonienne). S'y ajoute ensuite un troisième sens, celui de la totalité des illustrations accompagnant une parution [2].

Exemples

Dès l'antiquité, l'art, surtout religieux[3], qu'il soit perse, indien, égyptien, grec ou romain, utilise des stéréotypes visuels qui permettent d'identifier les sujets représentés. Les attributs des rois, des dieux, des héros, des personnifications allégoriques, leurs visages, leurs postures les rendent aisément reconnaissables, et se transmettent d'un artiste à l'autre. On parle alors rétrospectivement de l'iconographie de tel ou tel personnage[4].
Dans les textes, l'iconographie consiste soit à fixer par rédigé, de façon prescriptive, les représentations de tel ou tel sujet, par exemple dans un prix-fait[5], soit à faire l'inventaire encyclopédique de personnages stéréotypés, de postures, de costumes ou d'attributs[6], soit à interpréter la façon dont ces motifs s'articulent les uns avec les autres et prennent sens dans tel ou tel contexte. Le miroir, par exemple, peut être l'attribut de Vénus[7], de la femme élégante, de la prostituée, de la luxure, de la beauté, de la vanité ou de l'orgueil[8], de la vérité, de la connaissance de soi ou encore connoter la richesse d'un commanditaire à l'époque où le miroir est toujours un objet de luxe rare et coûteux.
Article détaillé : Les Ambassadeurs.
Iconographie de Jupiter



Iconographie de la justice (Thémis) avec ses attributs, le glaive et la balance

Iconologie et iconographie

L'iconographie des œuvres de la Renaissance, surtout celles des peintres érudits, devient plus complexe à cause de l'enthousiasme des humanistes pour les motifs ésotériques. L'intérêt pour les hiéroglyphes, lié à la découverte du manuscrit d'Horapollon en 1419, qui circule sous forme de copies manuscrites avant d'être édité en 1505 par Alde Manuce, inspire en Italie toute une série d'ouvrages littéraires savants, rapidement traduits dans d'autres langues européennes, comme le Songe de Poliphile, roman ésotérique de cette bét vernaculaires les Hiéroglyphes d'Horapollon. Albrecht Dürer illustre d'ailleurs l'ouvrage de Pirckheimer de ses dessins[9]. Le XVIe siècle voit se multiplier les succès de librairie avec des livre d'emblèmes comme celui d'André Alciat. Le mot iconologie apparaît alors avec l'ouvrage de Cesare Ripa, Iconologia, paru en 1593. La préface de l'édition anglaise de 1709 explique que les égyptiens ont été les premiers à exprimer les notions abstraites en images, et que les grecs et les romains leur ont emboîté le pas. L'iconologie se propose non seulement de décrire, comme l'iconographie, mais d'interpréter les images et les symboles en révélant leur dimension ésotérique pour en donner le sens moral[10]. La portée de ces textes est immense sur l'ensemble des arts visuels, peinture, sculpture, ornements, théâtre ou mises en scène de fêtes publiques à partir du XVIe siècle. L'ouvrage de Cesare Ripa surtout demeure longtemps particulièrement influent, comme en témoigne la parution en 1768 d'une Nouvelle iconologie historique ou attributs hiéroglyphiques... dédiés aux artistes de l'ornemaniste Jean-Charles Delafosse (1734-1789), figure capitale du style Louis XVI. La quatrième édition du dictionnaire de l'Académie de 1762 distingue nettement iconographie et iconologie, dont elle donne la définition suivante : Interprétation, explication des images, des monumens antiques[1]. En 1791 paraît toujours une'Iconologie par figures ou traité complet des allégories, emblèmes c. ouvrage utile aux artistes aux amateurs, et pouvant servir à l'éducation des jeunes personnes, de Gravelot et Cochin, qui reprend la dimension didactique désormais associée au terme iconologie.

Mais au XVIIIe siècle siècle l'Histoire de l'art, dont Johann Joachim Winckelmann est le pionnier, va adopter une perspective nouvelle qui influence les recherches des artistes et des critiques. Il ouvre ainsi la voie à Gotthold Ephraim Lessing. Dans son Laocoon (1776), ce dernier critique vivement le postulat qui soutendait iconographie et iconologie, selon lesquelles arts plastiques et poésie fonctionnaient de la même manière dans leur rapport à une image principalement symbolique, Ut picta Pœsis[11]. Le XIXe siècle voit par conséquent le déclin de l'enthousiasme pour l'iconologie chez les critiques d'art et les artistes. La "rhétorique de l'image", savante, érudite, pétrie de culture antique, n'est plus au centre des préoccupations des peintres soucieux d'innover, et ne retrouvera jamais la même importance. Elle demeure néanmoins capitale pour la compréhension des œuvres passées, et dès le XIXe siècle, le terme iconographie apparaît dans de nombreux textes consacrés à l'étude de l'art chrétien médiéval, le plus influent étant peut-être l'Iconographie chrétienne d'Adolphe Napoléon Didron sur lequel s'appuiera ensuite Émile Mâle.

XXe siècle

Dans la première moitié du XXe siècle, Aby Warburg va apporter une contribution méthodologique importante à l'analyse des œuvres d'art, qui aura pour effet de ranimer l'intérêt des historiens pour l'iconographie et l'iconologie.

L'approche prônée par Warburg ne s'intéresse pas à la dimension esthétique de l'œuvre d'art et ne se limite pas aux images religieuses, mais fait appel surtout aux textes pour identifier les sujets représentés et interpréter le sens des représentations. Dans cette acception, l'iconographie s'intéresse à l'ensemble des images, qu'elles soient profanes ou sacrées, œuvres d'artistes reconnus ou gravures populaires. La discipline se développe rapidement, s'appuyant de nouveau sur la connaissance des stéréotypes visuels pour identifier les représentations. Dans Saturne et la mélancolie[12], par exemple, Raymond Klibansky, Erwin Panofsky, et Fritz Saxl étudient le thème de la mélancolie en confrontant les représentations de Saturne (mythologie) et de la mélancolie aux textes poétiques, scientifiques ou philosophiques qui traitent du sujet.

L'iconographie des thèmes humanistes dans les arts plastiques peut dès la Renaissance s'appuyer sur les livres d'emblèmes, ou sur l'Iconologia de Cesare Ripa, véritable encyclopédie iconographique. Ce dernier inspire d'ailleurs le titre d'un des ouvrages de l'historien d'art Erwin Panofsky[13]. Cependant, l'ambition et la complexité iconographique de certaines œuvres rendent leur interprétation complexe. Les ressources textuelles utilisées alors par les spécialistes de l'iconographie vont du prix-fait conclu entre l'artiste et son commanditaire aux textes religieux, poétiques, philosophiques ou scientifiques qui ont pu l'inspirer.

Panofsky, Fritz Saxl, Ernst Gombrich et généralement les chercheurs qui travaillent en liaison avec l'institut Warburg (Hambourg) ou l'Institut Courtauld (Londres) développent les pistes ouvertes par les travaux d'Aby Warburg. Il existe une certaine confusion entre les termes «iconographie» (plus utilisé en français) et «iconologie» (plus usité chez les auteurs anglophones). Erwin Panofsky donne une définition du second dans Essais d'Iconologie, mais il admet dans d'autres textes que la distinction n'est pas principale, et les deux termes sont fréquemment utilisés comme synonymes.

Le dragon rouge. L'iconographie du dragon oriental est vermiforme. Elle change énormément des représentations de la civilisation occidentale. Peinture représentant un sumo respectant les traditions de la période Edo, par Yoshitsuya Ichieisai — Japon, années 1860.

Iconographie religieuse

Dans l'orthodoxie orientale, l'Église a établi un ensemble étendu de règles et de directives à respecter lors de la représentation figurative des saints ou personnages bibliques. Puisque les icônes communiquent la vérité théologique, on y porte le même soin qu'en composant une doctrine ou un dogme. Les théologiens orthodoxes orientaux trouvent fréquemment utile de se référer à une icône spécifique, tout comme en se référant à un document rédigé par un théologien ou d'un concile.

Le plus fréquemment, les moines ont la responsabilité de l'écriture des icônes.

Un saint doit être canonisé par un synode des évêques avant que les icônes du saint puissent être rédigées et vénérées.

L'iconographie est historique dans la mesure où elle présente des personnages et des scènes, allégorique dans la mesure où elle rappelle les données de la Foi, morale dans la mesure où elle donne des leçons et des exemples de comportement.

Iconographie cinématographique

Dans le domaine du cinéma, le terme «iconographie» sert à désigner des accessoires et décors qui signifient plus que ce qu'ils montrent. On parle aussi de «conventions imagées».

Voir aussi

Liens externes

Bibliographie

Étude des icônes, art religieux

Bibliographie sommaire

Iconographie ou Iconologie

Notes et références

  1. Édition en ligne, projet de l'université de Chicago
  2. Par exemple : Anatole de Granges de Surgères, Iconographie Bretonne ou liste de portraits dessinés, gravés ou lithographiés de personnages nés en Bretagne ou appartenant à l'histoire de cette province. Avec notices biographiques. Rennes, Plihon & Hervé 1888-1889.
  3. Dans les sociétés qui ne pratiquent pas l'aniconisme
  4. Voir Iconographie de l'Abbé Pierre', dans Mythologies de Roland Barthes, 1957.
  5. Voir surtout le prix-fait du Couronnement de la Vierge conclu avec le peintre Enguerrand Quarton
  6. Voir par exemple de Mgr Xavier Barbier de Montault (1830-1901), Traité d'Iconographie ChrétienneTrois choses caractérisent l'ange : le nimbe, les pieds nus et les ailes. Le nimbe est l'attribut de la sainteté ; on le complète fréquemment par le diadème, qui veut dire la gloire. La nudité des pieds est un signe de mission dans le monde et de glorificationExtraits du traité en ligne, page consultée le 18/12/2007
  7. Diego Vélasquez, Vénus au miroir, c. 1644-1648, National Gallery, Londres
  8. Hieronymus Bosch, Les Sept Péchés capitaux, musée du Prado, Madrid, 1475-1480
  9. Pierre Vaisse, Dürer et son temps (page consultée le 17/12/2007)
  10. Iconologie de Cesare Ripa, texte anglais en ligne
  11. Voir Ut pictura pœsis Rensselær W. Lee, ISBN 2-86589-032-5.
  12. Saturne et la mélancolie Gallimard (Paris) - 1989
  13. Erwin Panofsky, Essais d'iconologie. Les thèmes humanistes dans l'art de la Renaissance. Paris NRF Gallimard, 1967

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