Temple d'Aton

Le temple d'Aton localisé à Karnak est un temple égyptien voué au culte d'Aton. Il fut construit durant les quatre premières années de règne d'Akhénaton, tandis que ce dernier portait toujours le nom d'Aménophis.



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Karnak

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Article de la série Lieux égyptiens
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Monuments / Temples
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Basse-Égypte / Moyenne-Égypte
Haute-Égypte / Nubie
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Le temple d'Aton localisé à Karnak est un temple égyptien voué au culte d'Aton. Il fut construit durant les quatre premières années de règne d'Akhénaton, tandis que ce dernier portait toujours le nom d'Aménophis.

Le lieu, actuellement enfoui sous un amoncellement de débris, fut le théâtre des changements radicaux qui aboutirent à la «révolution amarnienne».

Solarisation de Karnak

Relief représentant Aménophis IV trouvé à Karnak

Il est probable que dès Thoutmôsis IV un nouvel axe solaire avait vu le jour à Karnak, lorsque ce roi érigea le grand obélisque de son grand-père Thoutmôsis III, dans l'objectif d'identifier légèrement plus toujours Thèbes à Héliopolis.

Dans un songe, Thoutmôsis IV n'avait-il pas été choisi par le grand Hor-em-Akhet, «l'Horus dans l'Horizon», l'Harmakhis grec, dont le Sphinx de Gizeh était l'incarnation ? Il poursuivit ainsi la solarisation de Karnak que Hatchepsout avait inaugurée avant lui en élevant des obélisques à l'intérieur même du temple ainsi qu'à l'est de ce dernier. Cette solarisation, Thoutmôsis IV la voulut toujours plus grandiose par l'érection de son obélisque unique, symbole de la divinité solaire, à cette époque toujours indissociable d'Amon, le dieu dynastique.

Il faut imaginer alors Karnak comme un vaste complexe religieux qui commençait au niveau du IVe pylône, ayant reçu depuis Thoutmôsis Ier six obélisques, sans compter ceux qu'Hatchepsout rajouta. Cet ensemble de dix grands monolithes fut complété par l'obélisque que Thoutmôsis IV fit dresser dans l'axe oriental du temple, ce qui donnait au sanctuaire l'aspect du temple de héliopolitain. On comprend qu'à dater de cette époque Thèbes fût qualifiée d'Héliopolis du Sud.

Amenhotep III, à son tour, aménagea et agrandit toujours davantage le temple d'Amon-Rê, contribuant au développement du culte solaire que son fils rendra ensuite exclusif. En effet, on peut supposer qu'Amenhotep III marqua lui aussi de son empreinte l'axe oriental de Karnak, car les grandes cours solaires que ce roi fit aménager à Louxor dans le temple d'Amon-Min et dans son temple funéraire sur la rive ouest témoignent de la nouvelle interprétation du dieu dynastique. On a d'ailleurs retrouvé à Karnak un scarabée colossal, symbole d'un des aspects du dieu soleil, Khépri, datant de son règne. Il est installé à côté du lac sacré, mais provenait sans doute d'un sanctuaire dédié au dieu Rê.

Malgré la solarisation de plus en plus marquée du site, il n'y avait probablement pas encore de conflit ouvert entre des clergés rivaux cohabitant à Karnak. En effet, une scène du IIIe pylône, construit par Amenhotep III et décoré pendant les premières années du règne d'Amenhotep IV, certainement alors corégent de son père, représente le roi devant Amon, dans l'attitude classique de pharaon terrassant les ennemis de l'Égypte. Un autre élément de décor de la même période représente le jeune souverain, cette fois-ci toujours dans un style idéalement orthodoxe, officiant devant Horakhty, l'une des formes du dieu . Ce dernier élément appartenait certainement au portail donnant accès à l'un des sanctuaires orientaux dédiés aux différentes formes du dieu soleil, l'une des nombreuses formes de Rê étant le disque solaire visible par tous, Aton. Ainsi, un ensemble de sanctuaires solaires devait jouxter l'enceinte est du temple d'Amon, mais aucun n'a subsisté, suite à l'acharnement avec lequel les successeurs d'Akhénaton effacèrent toute trace de sa réforme religieuse.

Divinisation de pharaon et rupture avec le clergé thébain

Colosse d'Akhénaton portant les plumes du dieu Shou provenant d'un des temples d'Aton de Karnak
Colosse d'Akhénaton portant le pschent provenant d'un des temples d'Aton de Karnak

Un temple de l'obélisque, un temple d'Horakhty, un sanctuaire dédié à Khépri, un temple d'Aton, toute une ville solaire s'était probablement développée au delà de l'enceinte orientale du temple d'Amon. Il est évident que cela n'avait pu se faire sans l'appui d'un clergé puissant et une volonté délibérée de la cour royale, de concert avec une divinisation de pharaon, véritable roi-soleil, hypostase vivante d'un dieu qui était sur le point d'absorber l'ensemble des cultes de la vallée par syncrétisme.

Ainsi, Amenhotep III, à la fin de sa vie, était le Soleil couchant, le Rê-Atoum d'Héliopolis, Amenhotep IV son fils Shou. Dans l'hypothèse probable d'une corégence entre Amenhotep III et Amenhotep IV, le père vieillissant aurait par conséquent régné depuis la rive occidentale dans son palais de Malquata, tel le soleil couchant prêt à rejoindre le royaume d'Osiris, alors que le fils aurait régné depuis la rive orientale, à l'est de Karnak, au sein d'un ensemble de sanctuaires dédiés à l'astre solaire naissant. Karnak et son dieu Amon-Rê auraient été le trait d'union entre les deux souverains dans une théologie royale calquée sur le modèle héliopolitain. Le décès du premier vint rompre cet équilibre et remit en question l'architecture théologique et sa traduction temporelle. Amenhotep IV changea son nom de couronnement en Akhénaton, «Celui qui est utile à Aton». Il sera dorénavant l'image terrestre du dieu unique «Horakhty qui se réjouit dans l'horizon en son nom de Lumière qui est dans Aton», menant ainsi à son terme l'évolution en cours[1].

En l'an 5 de son règne, Akhénaton fonda une nouvelle capitale, Akhetaton, abandonnant Thèbes et son clergé d'Amon qui avait dû résister de plus en plus à la montée du culte solaire. En effet, Amenhotep IV devenu Akhénaton aurait été en butte au conservatisme ainsi qu'à l'hostilité croissante des prêtres d'Amon qui depuis deux générations voyaient progressivement leur primauté disparaître au profit d'une théologie solaire qui s'était affirmée de plus en plus ouvertement depuis Thoutmôsis IV.

Les temples d'Aton à Karnak

Mur de talatates trouvés à Karnak et reconstitués au musée de Louxor

Les fouilles ont révélé plusieurs vastes structures ayant subi des incendies et des destructions. On y a retrouvé en l'occurrence, dans ce qui aurait été une grande cour à portiques, les fameux colosses à l'image du jeune souverain, figuré debout, en position osirienne, portant diverses couronnes dont l'une, celle du dieu Shou, le rattache directement au dieu solaire.

Ces sanctuaires furent fabriqués en dehors de l'enceinte d'Amon-Rê, à l'est . Le temple principal était appelé Gempaaten (gm pȝ jtn), ce qui veut dire «Aton est trouvé». Les autres étaient nommés Hout benben (ḥwt bnbn, «Le Château de la Pierre Benben»), référence directe au sanctuaire d'Héliopolis, Roud-menou (rwd mnw n jtn r nḥḥ, «Solides pour l'Éternité sont les Monuments d'Aton») et Teni-menou (tnj mnw n jtn r nḥḥ, «Exaltés pour l'Éternité sont les Monuments d'Aton»). Le Gempaaten ne semble pas avoir eu de plafond, de telle sorte que les tables où étaient déposées les offrandes étaient directement exposées aux rayons d'Aton.

La totalité fut construit dès les premières années du règne au moyen de blocs en grès de petite taille que les archéologues nomment «talatates». Loin cependant de dénoter une réalisation hâtive et peu soignée, les murs des temples d'Aton qui ont été reconstitués nous présentent un décor raffiné et des scènes illustrant la vie à la cour royale de l'époque. Ces représentations prouvent que la réforme religieuse fut élaborée à Karnak même, au cœur des temples solaires, dans cette partie orientale de la ville de Thèbes où le souverain résidait au milieu des prêtres et d'une cour entièrement dévouée à sa personne divine.

Plan schématique d'un des temples d'Aton de Karnak

Les murs du Teni-menou furent remployés dans le IXe pylône. Ils ont été depuis répertoriés et rassemblés comme un gigantesque puzzle. En partie exposés au musée de Louxor, ils nous permettent de découvrir un aspect inédit de la Thèbes de l'époque, avec ses quartiers résidentiels, administratifs et royaux, ses temples solaires et jubilaires, théâtre d'une première fête-Sed, qu'Akhénaton fit certainement célébrer en même temps que son père, ainsi qu'à laquelle la reine-mère Tiyi assista. On la voit en effet rendre visite à son fils, traversant la ville sur une chaise à porteurs, précédée de porte-enseigne et de flabellifères, et suivie de toute son intendance mais aussi des princesses, sœurs du jeune régent. Ces scènes extraordinaires soulignent le rôle déterminant de la cour royale dans le développement de cette idéologie solaire qui assimila, comme sous la IVe dynastie, pharaon au dieu soleil. Il est évident qu'à cette époque personne toujours ne contestait ouvertement la divinité du jeune roi, digne héritier du grand Amenhotep III. Seuls son éloignement de Thèbes et les évènements qui suivront les premières années du règne, surtout la menace hittite aux marches asiatiques de l'empire, auront raison de ce qu'on a nommé l'expérience amarnienne qui, à bien des égards, apparaît comme l'aboutissement logique d'une sacralisation de la personne royale, incarnation et unique prophète de l'astre solaire.

L'anarchie qui s'installa en dehors ainsi qu'au sein de l'Égypte au cours du règne du «roi hérétique» provoqua la chute de la XVIIIe dynastie. Horemheb ferma la marche ; après la mort d'Aÿ, il prit le pouvoir en s'appuyant sur une armée que ses prédécesseurs avaient rendue aussi puissante que le clergé thébain et qui seule pouvait défendre le pays contre les Hittites convoitant les royaumes vassaux de pharaon. Occupés à défendre l'empire, Horemheb, puis après lui Ramsès Ier et son fils Séthi Ier, laissèrent les clergés ancestraux retrouver leur pouvoir de jadis. Cette «restauration» se traduisit par la destruction systématique des monuments d'Akhénaton, à Karnak et ailleurs. Ils furent démantelés et remployés dans les constructions de Horemheb et des Ramsès. Ainsi, on voulut faire disparaître à tout jamais toute trace d'un souverain qui avait marqué Karnak comme jamais aucun autre souverain ne l'avait fait avant lui.

Notes

  1.  C. Lalouette, page 516

Bibliographie

Ouvrages cités dans le texte
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