Enceinte d'Amon-Rê

L'enceinte d'Amon-Rê, localisée sur le site de Karnak, près de Louxor, était dédiée au dieu Amon ainsi qu'à sa forme solaire d'Amon-Rê.



Catégories :

Karnak

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Article de la série Lieux égyptiens
Lieux
Nomes / Villes
Monuments / Temples
Région
Basse-Égypte / Moyenne-Égypte
Haute-Égypte / Nubie
Localisation
Egypt Karnak test.png
Karnak
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Karnak 25° 43′ 0″ Nord
       32° 39′ 0″ Est
/ 25.71667, 32.65
Plan de l'enceinte

L'enceinte d'Amon-Rê, localisée sur le site de Karnak, près de Louxor, était dédiée au dieu Amon ainsi qu'à sa forme solaire d'Amon-Rê.

Occupant une surface d'environ 250 000 m², cette enceinte est la plus étendue des trois aires sacrées de Karnak (et l'unique qui soit ouverte aux visiteurs). Elle se définit par une complexité et une richesse extraordinaires, résultats d'une activité architecturale de près de deux millénaires. Ajoutons que certains secteurs n'ont pas encore été fouillés, de sorte qu'il est impossible de dresser l'inventaire complet des objets et bâtiments qui la composaient.

Certaines parties du complexe sont fermées au public, surtout les espaces de l'axe nord-sud qui sont en cours de restauration ou qui font l'objet de fouilles (VIIIe, IXe, et Xe pylônes). La partie sud-est n'est ouverte qu'dans certains cas . Celle localisée à l'angle nord-ouest est devenue un musée en plein air où les archéologues ont reconstitué plusieurs reposoirs avec des éléments utilisés comme matériau de remplissage du IIIe pylône : la chapelle blanche de Sésostris Ier, la chapelle en albâtre d'Amenhotep Ier et la chapelle rouge de la reine Hatchepsout.

La zone sud-ouest est un terrain découvert, jonché de fragments de blocs qui jadis composaient les bâtiments. Les temples de Khonsou et d'Opet se situent dans ce secteur, et sont ouverts au public, quoiqu'ils ne soient que rarement visités.

Axe est-ouest

Le temple d'Amon se déploie sur un axe est-ouest , perpendiculairement au Nil, auquel il était jadis relié par un canal de dérivation et un bassin artificiel. Les fouilles récentes ont permis de mettre au jour le débarcadère qui servait à l'accostage des barques et navires remorqueurs pour les grandes cérémonies annuelles où le vaisseau d'Amon, la Puissante de proue, remontait le Nil pour rejoindre le temple de Louxor lors de la fête d'Opet. De part et d'autre de la tribune du débarcadère se dressait une paire de petits obélisques datant de Séthi II, dont l'un est toujours en place.

Le dromos

Criosphinx du dromos
Chapelle d'Achôris et Ier pylône

La tribune du débarcadère se prolonge par un dromos, allée processionnelle bordée de criosphinx entre les pattes desquels se tiennent des statuettes osiriaques portant à l'origine les noms de Thoutmosis IV et d'Amenhotep III, que Ramsès II remplaça par le sien.

Le long de l'allée sont disposées quelques stèles commémoratives, probablement énormément plus nombreuses à l'époque pharaonique, car le dromos était l'une des principales voies festives empruntée par la triade thébaine - Amon, Mout et Khons - et son cortège lors des grandes processions annuelles, telles que la fête d'Opet ou la «Belle Fête de la Vallée ». Des parterres et bosquets devaient agrémenter les abords, où les fouilles ont mis en évidence un dispositif d'irrigation conçu pour alimenter les cultures.

À l'époque tardive, la totalité formait un vaste parvis, dont la chapelle-reposoir de Psammétique, usurpée par Achôris de la XXIXe dynastie, a été restaurée et est aujourd'hui accessible aux visiteurs.

Premier pylône et grande cour

Le premier pylône, aux blocs grossièrement taillés et sans décoration, est resté inachevé. Il date pour la majeure partie de la XXXe dynastie. Large de cent treize mètres, il mesure quinze mètres d'épaisseur à sa base et quarante mètres de haut. Sur sa face postérieure, l'une des tours comporte toujours les vestiges d'une rampe de construction en briques crues.

La porte monumentale du pylône donne accès à la grande cour, vaste espace fermé au nord et au sud par un mur de clôture et une colonnade monumentale érigés sous la XXIIe dynastie, dite bubastide, du nom de la cité du delta du Nil dont ses souverains étaient originaires. La cour a été vidée de la majorité des statues et ex-voto qui y avaient été déposés au cours des siècles. Des bâtiments qu'elle comprenait, il subsiste une triple chapelle-reposoir des barques d'Amon-Rê, Mout et Khonsou, construite vers -1200 par Séthi II ; les vestiges d'un kiosque de Taharqa, qui fit déplacer pour la construction les sphinx du dromos devant le portique bubastide ; un petit temple reposoir édifié par Ramsès III sur le modèle du temple funéraire de Médinet Habou, avec son pylône précédé de colosses au nom du roi, une cour à portique, une salle hypostyle et un triple sanctuaire conçu pour accueillir les barques divines de la triade thébaine.

Deuxième pylône

Vue sur la grande cour et le second pylône

Commencé par Horemheb, en partie avec des blocs provenant d'une structure d'Akhénaton, le deuxième pylône fut complété par Ramsès II et sa décoration achevée par Ramsès III. Il est précédé d'un vestibule devant lequel se dressent des statues colossales dont l'une fut usurpée par Pinedjem, grand prêtre devenu pharaon à la XXIe dynastie, mais qu'on s'accorde à dater de l'époque de Ramsès II.

Contre le môle nord du pylône sont entreposés des vestiges de monuments plus anciens (en attendant une éventuelle restauration ou reconstruction), surtout des fragments massifs d'obélisques de Thoutmôsis III et de colosses brisés, ou encore un bloc de calcaire aux cartouches d'Aton provenant du temple solaire qu'Akhénaton avait fait édifier à l'est de l'enceinte d'Amon.

Le pylône fut restauré (ou complété) durant la période ptolémaïque, surtout la porte axiale qui donne sur la grande salle hypostyle.

Grande salle hypostyle

La grande salle hypostyle fut installée par Séthi Ier, peut-être autour d'une colonnade inaugurée sous Amenhotep III. Elle est décorée en bas-reliefs, œuvre commandée essentiellement par Séthi Ier, alors que les reliefs du quart sud-est , d'une facture moins soignée, sont l'œuvre de son illustre fils.

Le plafond (aujourd'hui disparu) était soutenu par 134 colonnes appareillées aux chapiteaux papyriformes, ouverts ou fermés, qui donnent à la totalité l'aspect d'une véritable forêt de pierres historiées. Les colonnes sont idéalement alignées dans une immense salle de 103 mètres de long sur 53 mètres de large. Celles de l'axe médian, hautes d'environ 23 mètres, développent une circonférence de 10 respectivement 15 mètres à l'endroit où les chapiteaux s'ouvrent en corolles. Les supports des nefs latérales mesurent 15 mètres de haut pour une circonférence de quelque 8 mètres. La totalité de l'édifice était recouvert d'un plafond de dalles dont la partie centrale, la plus élevée, permettait la pose de fenêtres à claustra qui dispensaient l'éclairage de la nef, tandis que les bas-côtés restaient dans la pénombre, à peine éclairés par un pinceau de lumière émanant des rares ouvertures pratiquées dans le plafond.

Les murs extérieurs, qui sont consacrés à la propagande royale, évoquent les campagnes victorieuses de Séthi Ier (face nord) et de Ramsès II (face sud) en Libye et en Syro-Palestine : dans le cadre d'une iconographie toute respectant les traditions, pharaon y figure comme garant de l'ordre cosmique, assurant le triomphe de Maat sur les forces du Mal (isfet) qu'incarnent les ennemis de l'Égypte. Ainsi, la bataille de Qadesh et le retour triomphal du pays de Retenou[1] occupent une place privilégiée sur la face sud ; y figurent aussi les clauses du traité de paix conclu entre le roi hittite Hattousil III et Ramsès II, en l'an 21 du règne[2].

Troisième pylône

Il est l'œuvre d'Amenhotep III. On peut supposer que, tout comme à Louxor, Amenhotep III fit édifier devant le pylône une colonnade d'entrée qui forme aujourd'hui la nef centrale de la grande salle hypostyle[3], poursuivant ainsi l'ambitieux programme architectural pour les temples de Thèbes dirigé par son architecte Amenhotep fils de Hapou[4].

En 1927, les archéologues français œuvrant à la consolidation du pylône y découvrirent un linteau datant du Moyen Empire. Les fouilles ultérieures mirent au jour de nombreux blocs provenant de la même structure, une chapelle-reposoir construite par Sésostris Ier pour commémorer sa première fête sed. La reconstitution du monument fut initiée en 1937 par ses découvreurs, Pierre Lacau et l'architecte Henri Chevrier. Baptisé «la Chapelle blanche», c'est actuellement l'un des joyaux architecturaux du musée en plein air.

Cour aux obélisques

Khepri, sous l'aspect d'un scarabée

L'espace qui couvre au-delà du troisième portail formait sous Thoutmôsis Ier et Thoutmôsis II le parvis du temple d'Amon, avec un pylône monumental, le quatrième, et deux paires d'obélisques érigés en commémoration des jubilés royaux[5]. L'obélisque toujours debout, œuvre de Thoutmosis Ier, est un immense bloc de granit monolithique, haut de 22 mètres à peu près et pesant quelque 140 tonnes. Les autres monolithes furent abattus pour être transférés dans les grandes cités de l'Empire romain, ou se brisèrent suite à des séismes.

Quatrième et cinquième pylônes

Ils furent élevés par Thoutmôsis Ier. Entre ces deux portails monumentaux, le «directeur des travaux royaux» Inéni établit une salle jubilaire, hypostyle avec deux rangées de colonnes papyriformes[6], la Ouadjyt [7], qui sera remaniée par Hatchepsout, puis par Thoutmosis III. La reine y fit dresser une paire d'obélisques hauts de près de trente mètres, dont un seul reste toujours debout alors que l'autre fut fracassé et dispersé dans l'enceinte.

Le cinquième pylône marquait l'entrée d'une cour péristyle délimitée à l'est par un nouveau portail monumental, le sixième, que Thoutmôsis III fit ériger devant le sanctuaire de la barque.

Sixième pylône et salles des archives

Le sixième pylône porte sur l'une de ses faces les noms des villes nubiennes et syriennes soumises par Thoutmôsis III. Dans les deux salles jouxtant le pylône à l'est , dites Salles des archives, le roi fit graver le récit de ses campagnes en Syro-Palestine et l'inventaire du riche butin qu'il ramena d'Asie pour l'offrir à «[son ] père Amon-Rê, maître des trônes des Deux Terres[8]». À proximité se dressent deux piliers qui portent les plantes héraldiques de la Haute et de la Basse Égypte, le papyrus et le lotus.

Sanctuaire de la barque de Philippe Arrhidée

L'édifice en granit rose, dans lequel était gardée la barque portative d'Amon, s'élève sur le site d'un précédent sanctuaire de Thoutmôsis III, construit en lieu et place d'une chapelle reposoir d'Hatchepsout - la fameuse Chapelle rouge du musée en plein air.

Cour du Moyen Empire

«Le Grand Château d'Amon» du Moyen Empire, dont il ne subsiste aucune superstructure, se situait à l'est de l'actuel sanctuaire de la barque, sur l'emplacement de la cour dite du Moyen Empire. Les fouilles menées par le Centre Franco-Égyptien d'Étude des Temples de Karnak (CNRS/CFEETK) et le Conseil suprême des antiquités égyptiennes ont permis de dresser le plan d'un sanctuaire construit certainement au début de la XVIIIe dynastie, à la place d'une structure plus ancienne : colosses royaux en façade, cour intérieure à colonnade suivie de trois salles cultuelles en enfilade, la totalité étant entouré d'une enceinte de briques.

Une hypothèse voudrait que la terrasse supérieure du temple funéraire d'Hatchepsout à Deir el-Bahari, de l'autre côté du Nil, sur le même axe est-ouest que le temple d'Amon-Rê, fût conçue comme une reproduction inversée du sanctuaire du Moyen Empire.

L'Akhmenou ou «La salle des fêtes» de Thoutmosis III

La salle hypostyle de l'Akhmenou

Derrière la zone du Moyen Empire se situe une extension bâtie par Thoutmôsis III, nommée à l'origine «Menkheperrê [i. e. Thoutmosis III] est resplendissant de monuments [akh menou] dans la demeure d'Amon», et aujourd'hui, plus prosaïquement, «salle des fêtes».

En effet, le corégent et successeur d'Hatchepsout fut l'un des grands constructeurs de Karnak. De nombreux monuments à son nom subsistent à partir du IVe pylône, et l'Akhmenou compte parmi ses œuvres majeures. Il s'agit à la fois d'un mémorial conçu pour commémorer les hauts faits du règne et d'un temple jubilaire, où la célébration du culte monarchique, associé à celui d'Amon-Rê, assure la régénération du souverain[9].

L'édifice, de type basilical, comprend une nef centrale aux colonnes en forme de piquets de tente[10], entourée de bas-côtés qui desservent une série de salles latérales. Deux d'entre elles, qu'on a appelées «le jardin botanique», sont spécifiquement remarquables par leur programme décoratif, une sorte de corpus naturalium inspiré de la faune et de la flore des pays conquis par le grand roi. Dans l'angle sud-ouest de l'Akhmenou se situe la chapelle dite «des ancêtres», qui comportait une liste de soixante et un souverains ayant marqué l'histoire de Thèbes[11]. La chapelle fut dépouillée en 1843 par Prisse d'Avennes, et les blocs portant les reliefs expédiés en France dans des caisses étiquetées «spécimens d'histoire naturelle». Ils sont actuellement exposés au musée du Louvre.

Le contre-temple ou temple de l'obélisque

Le temple de l'obélisque

Vers la fin de son règne, Thoutmôsis III poursuivit le développement du domaine d'Amon vers l'est . Il remplaça une chapelle qu'Hatchepsout avait adossée au mur d'enceinte par un édifice prostyle, pourvu de part et d'autre des obélisques, actuellement fragmentaires, de la reine. Dans le prolongement de cet édifice, le roi comptait ériger un monolithe monumental de trente-trois mètres. C'est finalement son petit-fils Thoutmôsis IV qui mena à bonne fin le projet et nous laissa le témoignage de cet exploit sur une stèle gravée au pied de l'obélisque. Ramsès II englobera ensuite l'«obélisque unique» dans un contre-temple[12], conçu comme oratoire dédié à Rê-Horakhty ainsi qu'à «Amon-qui-écoute-les-prières»[13]. Au IVe siècle, le monolithe fut abattu et transporté à Rome pour orner la spina du Circus Maximus. Il y fut retrouvé brisé au XVIe siècle et installé sur la place Saint-Jean-de-Latran, où il se dresse actuellement. De son côté, Taharka de la XXVe dynastie fit construire devant le contre-temple une colonnade d'entrée. Sous les dynasties suivantes, une série de chapelles consacrées à Osiris fut édifiée à proximité, dont l'une est attribuée à la «divine adoratrice» thébaine Nitocris.

Lors de l'agrandissement du temenos par les Nectanébo de la XXXe dynastie, toutes ces constructions se trouvèrent incluses dans le périmètre élargi. En même temps, le mur d'enceinte fut pourvu d'une porte monumentale[14], donnant à cette partie du domaine d'Amon-Rê son aspect définitif.

Axe nord-sud

Cette voie processionnelle, avec ses quatre pylônes massifs, pointe vers l'enceinte de Mout, la parèdre d'Amon. L'essentiel du site est d'un accès restreint, car en cours de restauration[15].

Le VIIIe pylône

Les pylônes de Thoutmôsis III et d'Hatchepsout

L'axe fut inauguré par Hatchepsout et Thoutmôsis III.

La reine édifia en effet un pylône, le VIIIe selon le numérotage actuel, devant lequel elle érigea des colosses assis qui certainement la représentaient mais aussi son père Thoutmôsis Ier. Comme il le fit pour de nombreux monuments de son époque, Thoutmôsis III remania la totalité. Entre le pylône de sa tante et l'enceinte du temple, il construisit un deuxième grand portail, le VIIe, avec en façade deux statues colossales dont seuls subsistent actuellement les pieds, et une paire d'obélisques, qui, au vu de leurs bases toujours en place, devaient être impressionnants. L'un des deux monolithes, le plus à l'ouest , fut abattu sous Constantin au IVe siècle de notre ère et transporté dans la nouvelle capitale que l'empereur avait fondée à Byzance, afin d'orner la spina du grand cirque de la ville.

Le pylône de Thoutmôsis ajoutait ainsi une étape monumentale à cette voie processionnelle, tout en créant deux cours à ciel ouvert susceptibles d'accueillir les fidèles lors des cérémonies. Dans la cour sud, le roi fit édifier un kiosque-reposoir donnant sur le lac sacré, alors que l'autre cour, surnommée aujourd'hui «cour de la cachette», donnait accès à ce qui était alors le parvis du grand temple d'Amon. C'est là qu'au début du XXe siècle Georges Legrain, fouillant et restaurant le site, mit au jour une quantité incroyable de statues et d'ex-voto[16], qui forment tout autant de témoignages de la ferveur populaire entourant les sanctuaires de Karnak.

Amenhotep II, fils et successeur de Thoutmôsis III, édifia lui aussi une chapelle-reposoir, l'une des nombreuses stations de la barque d'Amon, mais qui fut ensuite déplacée quand l'enceinte du temple eut une nouvelle extension vers le sud.

Les IXe et Xe pylônes

Vue prise depuis le lac sacré sur les IXe et Xe pylônes en cours de restauration

Après le bref intermède amarnien, l'axe nord-sud rencontra un ultime développement : Horemheb termina le Xe pylône, commencé par Amenhotep III[17] et construisit le IXe. D'autre part, il mit en place des stèles commémorant son œuvre, de même que deux colosses à son effigie. Ainsi, ponctué d'obélisques, de statues royales et de pylônes aux mâts ornés d'oriflammes, cet axe formait désormais une voie processionnelle monumentale en direction des temples méridionaux de Thèbes.

Les cours créées par les pylônes introduisaient vers les quartiers des prêtres et les magasins du temple qui bordaient le lac sacré, et , à une époque ultérieure, vers les temples de Khonsou et d'Opet. C'est dans cette dernière zone que sont actuellement entreposés - répertoriés et triés - des blocs provenant des pylônes ruinés mais aussi les fameux talatates, vestiges des monuments dédiés à Aton, lesquels furent toujours démantelés par les successeurs du roi hérétique[18].

Le temple de Khonsou

Le pylône, précédé des vestiges de la colonnade de Taharqa

Le temple de Khonsou, dieu-lune de la triade thébaine, se situe dans la zone sud-ouest de l'enceinte d'Amon, sur l'axe de l'une des allées processionnelles qui reliaient Karnak à «l'Opet méridional» d'Amon. La construction de l'édifice, en partie avec des blocs provenant du temple funéraire d'Amenhotep III[19], débuta sous Ramsès III et se poursuivit sous son successeur, sans que ce dernier la menât cependant à terme. Après une interruption de près d'un siècle, les travaux furent repris par Ramsès XI et les rois-prêtres thébains[20]. Plus tard, l'Éthiopien Taharqa donna au temple son aspect définitif en érigeant sur le parvis un portique à colonnes, actuellement particulièrement fragmentaire, analogue aux kiosques d'accueil dont il dota le sanctuaire d'Amon.

Le pylône remonte au début de la XXIe dynastie. Les reliefs qu'il porte figurent Pinedjem Ier et son épouse Henouttaouy[21] présentant des offrandes à diverses divinités. Au pylône succède une cour ouverte, bordée sur deux côtés d'un péristyle aux colonnes papyriformes. Elle est l'œuvre du vizir Hérihor, «guide des armées du Nord et du Sud» et grand-prêtre d'Amon, qui en Haute-Égypte s'appropria les fonctions et attributs royaux à la fin de la XXe dynastie. Au-delà de la cour, sur une vaste plateforme, se développe l'espace réservé à la divinité, avec un vestibule (ou pronaos) et une salle hypostyle décorés par Ramsès XI et Hérihor, l'hypostyle donnant accès à la partie la plus sacrée de l'édifice, le naos, encadré d'un déambulatoire et d'une série de pièces latérales.

Par l'ordonnance de ses éléments architectoniques, le temple de Khonsou relève d'une «syntaxe»[22] dont allaient s'inspirer les Ptolémées, puis leurs successeurs, les empereurs romains, à Edfou ou encore à Kalabsha : c'est dire la pérennité du modèle édilitaire[23] conçu par les bâtisseurs du Nouvel Empire.

Le temple d'Opet

Le temple d'Opet, localisé à proximité immédiate du sanctuaire de Khonsou, date pour la majeure partie[24] de Ptolémée VIII Évergète II, sur l'emplacement d'un monument plus ancien commandé par Thoutmôsis III, puis modifié à la XXVe dynastie éthiopienne[25].

L'édifice s'élève sur une plateforme qui représente probablement la butte essentielle de la création[26]. Il comprend deux chapelles de soubassement dédiées à Osiris, l'une étant la tombe du dieu et l'autre le lieu de sa résurrection[27]. La totalité est orienté selon un axe est-ouest , à l'exemple du grand temple d'Amon-Rê. En effet, à l'époque gréco-romaine, «Opet-la-Grande, Nout qui a mis les dieux au monde» est étroitement associée au cycle du dieu solaire. Ce dernier, que le syncrétisme thébain assimile à «l'auguste ba d'Osiris»[28], se fond au crépuscule dans le corps d'Opet-Nout, et ressuscite à l'aube sous la forme du «disque parfait qui brille dans l'horizon»[29].

Le site fait aujourd'hui l'objet d'un programme d'étude architecturale et de restauration menées par le Centre franco-égyptien d'étude des temples de Karnak, dans le cadre de la collaboration entre le Conseil suprême des Antiquités égyptiennes et le Centre National de la Recherche Scientifique[30].

Musée en plein air

La Chapelle Blanche de Sésostris Ier reconstituée dans le musée en plein air de Karnak

Plusieurs pylônes du temple d'Amon réutilisaient des structures antérieures, surtout comme matériau de remplissage. Dans le musée en plein air, localisé dans l'angle nord-ouest de l'enceinte, quelques-unes de ces structures plus anciennes ont pu être reconstituées, telles que la chapelle blanche de Sésostris Ier, la chapelle en albâtre d'Amenhotep Ier, la chapelle rouge de la reine Hatchepsout, ou encore une cour à portique qui précédait le IVe pylône de Thoutmôsis IV, cour qui fut démontée puis enfouie dans le IIIe pylône qu'Amenhotep III édifia à la place. Parmi les monuments exposés figure aussi une partie d'un pylône qu'Akhénaton fit édifier en l'honneur d'Horakhty, dans un style toujours orthodoxe, et datant donc des premières années du règne ou d'une probable corégence avec son père.

Des éléments du Moyen Empire provenant de Karnak et du temple de Montou à Médamoud y sont aussi entreposés, mais aussi des centaines de blocs répertoriés en attente d'une reconstruction de leur monument d'origine.

Ce petit musée, payant, légèrement à l'écart, est peu visité par les groupes de touristes qui traversent au pas de course le grand temple d'Amon-Rê. Il représente néenmoins un témoignage précieux des bâtiments pieux qui ont orné le grand temple à diverses époques.

Notes

  1. la Syrie actuelle
  2. Par ce traité, les deux États s'engageaient à ne plus entrer en conflit l'un contre l'autre ainsi qu'à s'aider mutuellement contre leurs ennemis extérieurs. Le texte prévoyait même l'extradition des opposants intérieurs qui se seraient réfugiés chez l'allié.
  3. En effet, la couche de sable sur laquelle reposent les fondations du pylône fut prolongée sous la salle hypostyle, à l'exclusion des bas-côtés : cf. Amenhotep III – Perspectives on His Reign, Edited by David O'Connors and Eric H. Cline, The University of Michigan Press (2004), p. 69
  4. Amenhotep obtint l'insigne privilège d'être représenté à Karnak. En effet, on a découvert au pied du Xe pylône plusieurs statues qui le figurent sous l'aspect d'un scribe accroupi à l'embonpoint généreux, signe d'une aisance due à sa haute fonction auprès de Pharaon.
  5. Les bases d'une troisième paire d'obélisques datant probablement d'Aménophis II ont été mis au jour dans le troisième pylône : cf. Paul Barguet, La structure du temple Ipet-Sout d'Amon à Karnak, du Moyen Empire à Aménophis II, BIFAO 52 (1953), p. 146
  6. ibid., p. 145
  7. Le nom fait référence aux colonnes papyriformes (ouadj).
  8. La Haute et la Basse Égypte
  9. D. Arnold, The Encyclopedia of Ancient Egyptian Architecture, The American University in Cairo Press (2003), p. 6
  10. Les colonnes évoquent probablement les piquets du pavillon de la fête sed.
  11. cf. F. Maruéjol, Thoutmosis III et la corégence avec Hatchepsout, Pygmalion (2007), p. 209
  12. À la différence du temple d'Amon-Rê, l'entrée se situe à l'est , et non à l'opposé.
  13. C'est ici que les petites gens, qui n'avaient pas accès au sanctuaire principal, venaient s'adresser au dieu (et à Pharaon, afin qu'il transmette leurs prières).
  14. Elle mesure 19 m de haut.
  15. Une grue géante qui sert au remontage des blocs y est d'ailleurs en place depuis de nombreuses années
  16. Legrain découvrit près de 800 statues et 17 000 bronzes de différentes tailles et époques, mis à l'abri au début de la période lagide.
  17. On pense que le règne d'Akhénaton ne permit pas d'en poursuivre la construction.
  18. Un mur reconstitué avec des talatates remployés dans le IXe pylône peut être admiré au musée de Louxor.
  19. cf. F. Laroche-Traunecker, Données nouvelles sur les abords du temple de Khonsou, dans : Cahiers de Karnak 7 (1982), p. 331
  20. Quoique les fouilles aient révélé plusieurs phases de construction, échelonnées de Ramsès III à Pinedjem Ier, les fondations du temple étaient entièrement posées dès Ramsès III : cf. F. Laroche-Traunecker, ibid., p. 332
  21. Le nom veut dire Maîtresse des Deux Terres.
  22. cf. Sylvie Cauville, Une règle de la grammaire du temple, BIFAO 83 (1983), p. 51
  23. Cf. Richard H. Wilkinson, The Complete Temples of Ancient Egypt, Thames & Hudson, London (2000), p. 24-29
  24. La décoration fut achevée par l'empereur Auguste.
  25. cf. http ://www. cfeetk. cnrs. fr/index. php?page=rapport-08-opet
  26. cf. D. Arnold, The Encyclopedia of Ancient Egyptian architecture, The American University in Cairo Press (2003), p. 166
  27. ibid.
  28. Jean-Pierre Corteggiani, L'Égypte ancienne et ses dieux, Fayard (2007), p. 239
  29. cf. C. De Wit, Les inscriptions du temple d'Opet, à Karnak, Bibliotheca Ægyptiaca XI, 1958 : salle nord (Opet 110)
  30. cf. http ://www. cfeetk. cnrs. fr/index. php?page=axe-3-theme-2, consulté en mars 2009.

Voir aussi

  • Louxor
  • Égypte

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