Seth

Seth est une divinité guerrière de la mythologie égyptienne. Par Seth grondent les orages, il s'oppose toujours à l'harmonie des choses et des arrangements, il est la force brûlante, capable de détruire toute forme de vie.



Catégories :

Divinité égyptienne

Cartouche dieux.jpg
Cet article est membre de la série
Dieux égyptiens
Présentation
Par ordre alphabétique
Par relation
Par ville
Par symbole
Par animal
Par écriture hiéroglyphique
Seth
sw W t
x
E20 A40
Swtḫ


Linteau d'une porte du temple de Seth de Noubt - Règne de Thoutmosis Ier - Musée du Caire

Seth est une divinité guerrière de la mythologie égyptienne. Par Seth grondent les orages, il s'oppose toujours à l'harmonie des choses et des arrangements, il est la force brûlante, capable de détruire toute forme de vie. Il a été associé au Typhon grec, qui pouvait de ses mains étendues toucher l'orient et l'occident.

Il fait partie des dieux les plus complexes et ambigus ; les mythes relatifs à Seth le dépeignent comme un dieu ambitieux, comploteur, manipulateur, lorsqu'il ne se résume pas tout simplement à un assassin. Bien peu de vertus sont par conséquent à l'actif de ce personnage que , le Maître de Monde, défendit contre l'avis de toute sa famille. La protection de venant du fait que Seth est le protecteur du Soleil.

De son père Geb, un des quatre éléments essentiels, il a reçu la terre stérile, alors que son frère Osiris bénéficiait des sols fertiles ; aussi par sa mère, Nouth, un autre élément originel, il se rattache à la Grande Ennéade héliopolitaine.

Sa figure animale n'a pas été formellement identifiée. Quoiqu'on ait fréquemment reconnu qu'il s'agissait d'un animal imaginaire, une hypothèse y verrait l'oryctérope du Cap, un animal nocturne d'Afrique subsaharienne[1] ou le chacal.

On l'appelle aussi le «dieu rouge», le dieu «grand de force» (ˁȝ phty), maître du tonnerre, de la foudre et du désordre, dieu du désert et de l'aridité, des pays étrangers : les Égyptiens s'en méfiaient énormément, sauf sous les Ramsès où il était vénéré presque sur un pied d'égalité avec Horus : les Égyptiens le vénéraient tout en le redoutant.

Les personnes aux cheveux roux ou châtains étaient reconnues de son obédience. D'autres Égyptiens lui vouaient des cultes secrets qui exigeaient des sacrifices humains ; ces sectes furent toujours maudites et poursuivies par les pharaons. Dans un certain sens, le christianisme a récupéré Seth sous le nom du «diable».

Seth est associé à deux grands mythes :

La principale source pour le mythe osirien est le long texte narratif du papyrus Chester Beatty I (XXe dynastie), publié en 1931, que les égyptologues connaissent sous le titre moderne des «Aventures d'Horus et Seth» («Contendings of Horus and Seth») [2].

La prétention de Seth

Jaloux de son frère qui règne sur l'Égypte, Seth organise un complot et tend un piège à Osiris[3]. Il l'assassine en le noyant dans le Nil. Isis, l'épouse d'Osiris, retrouve le dieu noyé, l'embaume et lui donne une sépulture dans le delta du Nil. Seth retrouve la sépulture de son frère, et de rage, le dépèce et disperse les morceaux du corps dans toute l'Égypte. Isis, infatigable veuve, retrouve treize des quatorze parties de son bien-aimé (la partie manquante étant le sexe d'Osiris, dénommé à cette occasion son «talisman»). Puis Isis le reconstitue, lui insuffle le souffle de la vie éternelle, et par sa magie conçoit avec lui un fils, Horus (Hor).

Au-delà de l'assassinat d'Osiris par Seth, sans cesse poussé par son insatiable jalousie, Seth eut tôt fait de reporter sa haine sur Horus.

Seth et Horus ; une lutte sans fin

Horus, fils d'Osiris, en est aussi l'héritier : la couronne d'Égypte lui revient par conséquent de droit. Mais Seth, jaloux et considérant la primauté de ses propres droits, s'en est emparé par la force et ne lui cède rien. Horus, appuyé de sa mère Isis, fait convoquer le tribunal des dieux à toute fin de régler ce contentieux. préside, alors que Thot tient le rôle du greffier.

Quatre-vingts ans s'écoulent néenmoins sans que le débat ait progressé. Le tribunal est même partagé entre les tenants de la royauté légitime (revenant à Horus), et qui voit en Seth son perpétuel défenseur contre Apophis. Les débats, qui tournent en rond, nécessitent un avis extérieur. C'est par conséquent à Neith, déesse de Saïs, reconnue pour son illimitée sagesse, que Thot s'adresse. Sa réponse est sans ambigüité : la couronne revient à Horus. Cependant pour ne pas pénaliser Seth, Neith propose de lui offrir les déesses Anat et Astarté comme épouses.

Si le tribunal se réjouit de cette solution, , lui, reste sceptique. Horus ne serait-il pas légèrement jeune pour assumer la direction du royaume ? Isis, excédée par tant de tergiversations, propose de déplacer les débats à Héliopolis (Onou) devant Atoum et Khépri. Le ton monte ! Seth, furieux, s'y oppose et ordonne que les débats se fassent en l'absence d'Isis. Mais c'était compter sans la ténacité de la déesse.

Elle se réintroduit dans l'enceinte du tribunal sous les traits d'une belle jeune femme qui ne manque pas d'attirer rapidement l'attention de Seth. Tous deux finissent même par converser. Troublé par tant de beauté, Seth s'égare dans des propos compromettants, reconnaissant même sous la cape la légitimité filiale d'Horus. Isis se dévoile alors. Le coup de théâtre laisse Seth sans voix. Quant à , il a pu juger de l'imprudence de Seth, qui se confia à une inconnue sans prendre garde. Aussi la couronne revient-elle à Horus des mains de lui-même.

La revanche

Mais Seth, éternel jaloux, ne semble pas décidé à en rester là. Il propose à Horus des jeux sportifs. Parmi eux, une épreuve aquatique où les deux dieux se transforment en hippopotames. À celui qui restera le plus longtemps sous l'eau de devenir roi. Mais Isis, qui suit de près les mésaventures de son fils, perturbe la partie et s'attire au final le mécontentement des deux protagonistes. Les trois dieux se déchirent en violentes disputes.

, désespérant d'assister enfin à une réconciliation entre l'oncle et le neveu, les invite à faire la paix autour d'un banquet. Seth fait mine de se réconcilier avec Horus ; il l'attire chez lui pour y «passer un bon moment» ; la journée passe, les deux dieux se couchent et , durant la nuit, Seth pénètre Horus et jouit sur ses cuisses (ou entre les mains d'Horus)  :

«Cependant, le soir tombé, on leur prépara le coucher ; ils s'allongèrent, les deux hommes, mais au cours de la nuit, Seth durcit son membre et le glissa entre les cuisses d'Horus. Horus plaça ses mains entre ses cuisses et recueillit le sperme de Seth.»

L'attentat, conçu pour féminiser Horus ainsi qu'à le rendre indigne du pouvoir, finit par se retourner contre Seth. Et la querelle reprend qui plus est belle. Osiris, resté silencieux, intervient alors et met directement en cause le tribunal qu'il juge trop laxiste. Comme dieu de la végétation, il menace de couper les vivres à l'Égypte. Les dieux, bousculés par tant d'autorité, ne tardent pas à rendre un verdict favorable à Horus. Mais Seth n'est pas oublié. Positionné aux côtés de , il devient «celui qui hurle dans le ciel» pour que soit fait place devant le dieu créateur. Alors Rê-Horakhty dit : «Que Seth me soit donné, pour qu'il vive avec moi et soit mon fils. Il tonnera dans le ciel, et il sera redouté.»

Seth, défenseur de la barque solaire

Seth (à gauche) et Horus (à droite) adorant Ramsès II à Abou Simbel

Depuis le premier jour, voyage dans le ciel à bord de sa barque qui l'emmène le jour d'est en ouest , puis la nuit d'ouest en est . Si le voyage diurne se fait sans ambages, la traversée nocturne du monde de dessous s'avère bien plus périlleuse. Car, noyée dans l'obscurité qu'elle fend à vive allure, la barque est épiée depuis les profondeurs des ténèbres par Apophis, le serpent du chaos. Terrifiant, rapide, le monstre surgit et se dresse, gigantesque devant l'esquif solaire. Mais c'est compter sans Seth positionné à la proue de la barque et qui, d'un coup de pique, envoie le serpent monstrueux s'en retourner aux confins du monde.

Hélas, la scène est sans cesse recommencée, tout comme les nuits et les jours alternent indéfiniment. Cette lutte perpétuelle symbolise la victoire de l'ordre sur le chaos. On comprend tant que ait pour Seth une certaine estime. Une estime telle qu'elle vaut à ce dernier d'être soutenu par le dieu des dieux, même quand son cas est indéfendable.

L'homosexualité de Seth

L'incident avec Horus dans les Aventures[4] a longtemps passé pour un trait ribaud isolé qui témoignerait de la culture populaire, ipso facto vulgaire, de l'Égypte tardive (la période des Ramsès étant l'apogée, et les derniers feux de la période pharaonique)  ; ainsi l'éditeur princeps, Alan Gardiner, critiquait la valeur à la fois littéraire et morale de l'œuvre, qu'il imaginait récitée par un conteur, à la veillée, devant des auditoires de paysans[5]. De même, on a pu estimer que les Aventures, à cause de cet épisode de promiscuité et d'autres passages scandaleux comme la décollation d'Isis, appartiennent à une branche spéciale de la littérature égyptienne[6]. Mais deux autres passages homosexuels, l'un connu depuis plus d'un siècle, le papyrus de Lahun / Kahun (du Moyen Empire égyptien), où Seth interpelle Horus en vantant la belle croupe de ce dernier, suite à quoi Horus raconte à Isis que Seth veut le prendre sexuellement et celle-ci explique à son fils comment le duper durant le rapport ; l'autre annoncé uniquement en 1977 et publié en 2001 (un des textes des pyramides inédit, datant de la Ve dynastie (trouvé dans l'antichambre de la pyramide de Pépi Ier), où Seth et Horus sont décrits en toutes lettres comme se sodomisant mutuellement, démentent cette conclusion et laissent à penser que la bisexualité de Seth, tour à tour sexuellement agressif et efféminé (hmty), doit être un trait de sa personnalité divine comme figure de la confusion et du chaos[7], [8].

Principaux lieux de culte du dieu Seth

Temple dédié à Lieu
Seth Avaris/Pi-Ramsès
Seth Noubt/Naqada
Seth Deir el-Hagar (Oasis d'Ad-Dakhlah)
Seth Mut el-Kharab (Oasis d'Ad-Dakhlah)
Seth Khargeh

Notes

  1. P. de Maret, L'oryctérope, un animal «bon à penser» pour les Africains est-il à l'origine du dieu égyptien Seth ?, Bulletin de l'Institut français d'archéologie orientale, 105, 2005, pp. 1-20.
  2. Texte, traduction et notes en sont donnés en dernier lieu chez M. Broze, Mythe et roman en Égypte ancienne, p. 13-124
  3. Ouser, Weser, Ausare en égyptien ; dieu roi de l'Égypte
  4. Broze 1996.
  5. Gardiner 1931, p.  10-11.
  6. Patanè 1991, p.  91-93.
  7. Velde 1967, p.  32-53.
  8. Velde 1967, p.  43 : «Seth has sexually abused Horus, and Horus has tricked Seth. Thereby cosmic powers have been wasted. Seth's homosexual act threatens to change the cosmos into chaos.»

Bibliographie

Voir aussi


Recherche sur Google Images :



"Seth"

L'image ci-contre est extraite du site ancient-egypt.org

Il est possible que cette image soit réduite par rapport à l'originale. Elle est peut-être protégée par des droits d'auteur.

Voir l'image en taille réelle (437 x 621 - 94 ko - jpg)

Refaire la recherche sur Google Images

Recherche sur Amazone (livres) :




Ce texte est issu de l'encyclopédie Wikipedia. Vous pouvez consulter sa version originale dans cette encyclopédie à l'adresse http://fr.wikipedia.org/wiki/Seth.
Voir la liste des contributeurs.
La version présentée ici à été extraite depuis cette source le 27/11/2009.
Ce texte est disponible sous les termes de la licence de documentation libre GNU (GFDL).
La liste des définitions proposées en tête de page est une sélection parmi les résultats obtenus à l'aide de la commande "define:" de Google.
Cette page fait partie du projet Wikibis.
Accueil Recherche Aller au contenuDébut page
ContactContact ImprimerImprimer liens d'évitement et raccourcis clavierAccessibilité
Aller au menu